Ânes
Je les aime. Point.
Les ânes sont mes frères.
Tu en manges ? – Tu me manges.
Je les aime. Point.
Les ânes sont mes frères.
Tu en manges ? – Tu me manges.
L’Adour ramène à l’océan l’eau tombée des montagnes. Quand elle est trop chargée, qu’elle en a par dessus la tête, elle pose un moment son fardeau dans les Barthes. Elle inonde ces prairies voisines sans se soucier des chevaux qui y vivent. Remercions Dieu qu’ils soient rustiques.
Elle est née il y a deux heures à peine. Mais elle en fait déjà bien plus que nous au même âge …
Niky camsusou a tenu la station pyrénéenne d’Issarbe (1500m) pendant huit ans. J’ai pu passer beaucoup de temps là-haut, les trois dernières. J’ai produit beaucoup d’images, sans réaliser qu’un jour nous quitterions (ensemble) cet endroit, et qu’elles prendraient une valeur particulière. Il arrive que l’on face de la photo souvenir sans le savoir.
Ils sont nombreux à croiser le regard d’un chat sans réaliser le concentré de beauté que c’est. J’en ai observé un un bon moment – une plus exactement – faire sa folle au pied d’un pic pyrénéen. Née là, couleur locale, pelage un tiers de fougère brûlée, un tiers neige fraîche, un tiers rocher, elle pouvait passer inaperçue. Mais cela aurait été trop dommage … alors voilà …
Un marais. L’eau qui séjourne ici est à l’origine de chaque mouvement, de chaque changement. Elle baigne les édifices végétaux et les abreuve, participe à leur croissance, accélère leur décrépitude. Elle dissout les organismes défunts qui répandent alors leurs substances. Les résidus colorés s’accumulent ou suivent les courants …
Assez vaillant pour échapper aux flatulences des villes.
Assez modeste pour esquiver les mille couperets qui tombent du sommet.
La moyenne montagne te permettra de mourir dans ton lit, les yeux pleins de souvenirs.
Douze années à regarder la mer, planté sur un balcon Landais. Comment cela pouvait-il se terminer ? Que fallait-il faire de ces 4300 couchers de soleil ? … de ces dizaines de grandes marées ? … d’au moins autant de tempêtes ? C’est seulement aujourd’hui, une fois quitté ce promontoire, que j’ai le mal de mer. Mais c’est un mal du pays, une autre sorte de mal au cœur. Alors je regarde ces images …
Jérémy et moi, nous avons suivi un torrent descendant d’Issarbe à Lanne en Baretous. Nous nous sommes arrêtés quelques fois, le temps de prendre ces images